Après les municipales 2020 : quels enjeux pour l’éclairage ?

Alors que plus de 30 000 communes ont déjà élu leur conseil municipal (4816 attendent un second tour, reporté), il est nécessaire de rappeler que l’année des élections municipales est, traditionnellement, une année assez spéciale pour le marché de l’éclairage public. Qu’en sera-t-il en 2020 ? Qu’en sera-t-il pour l’éclairage intérieur ?

L’éclairage public est très dépendant des collectivités territoriales. Il est donc naturellement soumis à leur rythme, et chaque année d’élection municipale est à ce titre particulière. Cette périodicité est moins vraie pour l’éclairage intérieur, qui est souvent de l’éclairage privé. Les travaux d’éclairage intérieur des bâtiments publics, moins visibles, sont souvent relégués au rang de l’entretien des bâtiments, ou du poste « énergie ». Ces tendances seront-elles encore vraies en 2020 ?

À l’occasion des élections municipales, plusieurs sondages ont souligné que l’environnement reste en tête des préoccupations des Français. Or l’impact environnemental de l’éclairage, qui consomme de l’électricité, est directement liée à ses performances.

De là à faire le lien entre la rénovation des installations d’éclairage et les élections municipales, il n’y a qu’un pas. Le Syndicat de l’éclairage vous explique pourquoi.

Tout d’abord, il ne faut pas négliger la capacité des collectivités territoriales à elles-mêmes initier et porter des projets. Constatant une mobilisation insuffisante et tardive des États en matière de transition écologique, Kathleen Boquet – cheffe de projet énergie ressources & territoires chez GreenFlex – indique que « le niveau territorial est le bon pour identifier les leviers d’action adaptés à chaque réalité du terrain ». Il va sans dire que l’éclairage, installation locale pour une utilisation locale, gérée localement, répond pleinement à cette description.

Kathleen Boquet – GreenFlex
 » Le niveau territorial est le bon pour identifier les leviers d’action adaptés à chaque réalité terrain. « 

Une collectivité territoriale qui cherche à réduire son impact environnemental va vite se rendre compte que l’éclairage public représente souvent la moitié de sa facture d’électricité ! (source : eclairerpouravancer.com). Sachant que la rénovation d’un éclairage public vétuste peut offrir facilement 50 % d’économie d’énergie, voire jusqu’à 80 % dans certains cas, les villes devraient rapidement exploiter ce gisement.

De plus, les chiffres de l’ADEME sont très parlants, il y a d’importantes économies d’énergie à la clef ! Ou en d’autres termes, une ville qui n’a pas rénové ses installations gaspille de 50 à 75 % de sa consommation d’électricité pour l’éclairage public…

En éclairage intérieur, c’est à peu près similaire : selon une étude menée par le Ceren pour l’ADEME on peut diviser par deux la consommation d’électricité de l’éclairage dans les bâtiments de bureaux si on rénovait ces installations.

Consciente des actions à engager dès maintenant, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) vient d’ailleurs d’éditer à l’attention de ses adhérents un guide « 8 mesures écologiques et rentables – Agir en 1 mandat municipal » dans lequel la rénovation des installations d’éclairage intérieur et extérieur est clairement identifiée comme ayant « des effets rapides et tangibles ».

Au-delà de l’économie d’énergie, la rentabilité de ces rénovations est rapide et réelle. Cela signifie que l’investissement réalisé peut être financé par les économies générées, sur quelques années à peine. D’ailleurs, la rénovation de l’éclairage est identifiée comme étant l’une des opérations de rénovation énergétique les plus rentables par les organismes financiers, ce qui ne trompe pas.

Concernant les conseils municipaux déjà élus mais dont la mise en place est repoussée à cause de l’épidémie de Covid-19, ils peuvent toutefois se préparer à étudier la problématique de l’éclairage public, intérieur et extérieur, conformément aux attentes de leurs électeurs.

D’ailleurs, du côté des collectivités territoriales, pour bien aborder la question de l’éclairage il va falloir former les équipes, car si les personnels en place sont compétents, la réglementation a récemment beaucoup évolué. D’autre part, ce sujet sera de plus en plus évoqué par les habitants et il faudra être en mesure de leur répondre. Nous pouvons citer ici, pour les rénovations de l’éclairage intérieur, l’arrêté relatif aux exigences de performance énergétique lors des rénovations, aussi appelé « RT par éléments » que nous avons déjà détaillé dans un autre article. Le récent décret relatif aux obligations de rénovation dans le tertiaire oblige aujourd’hui à agir, tout en respectant la RT par éléments. Pour les rénovations de l’éclairage public extérieur, il faudra évidemment respecter les exigences de l’arrêté nuisances (en savoir plus).

Ce besoin de formation est mis en lumière par l’étude du Ceren, qui montre que pour les espaces de bureaux, les rénovations effectuées de manière anticipée, par des professionnels bien formés, avec un réel projet d’éclairage, sont les plus vertueuses car leur puissance installée est réduite d’un tiers !

Enfin, ce n’est pas qu’une question financière, d’énergie ou d’environnement. Le côté humain est aussi très important : l’éclairage doit être adapté aux besoins des utilisateurs. Or en éclairage intérieur, on constate que seulement un tiers des bureaux est éclairé au niveau préconisé par la norme européenne NF EN 12464-1. La marge de progrès est bien là, et la rénovation de l’éclairage offre bien plus que des économies d’énergie !