Télétravail : êtes-vous bien éclairé ?

Ce n’est pas un scoop : avec la crise sanitaire liée au Covid-19, le recours au télétravail a été massif ! Le Syndicat de l’éclairage pose la question : quels sont les enjeux liés à l’éclairage ?

Prendre conscience de son éclairage

En général, les personnes qui travaillent dans un bureau sont bien les dernières à qui l’on demande leur avis sur l’éclairage de leurs espaces de travail.

Cela peut se comprendre : l’éclairage est, comme beaucoup de domaines professionnels, régi par des normes et règlements que seuls les professionnels maitrisent. On conçoit donc l’éclairage des bureaux dans le respect des bonnes pratiques, pour offrir une lumière performante et confortable, mais sans consulter ses utilisateurs.

De plus, l’éclairage est généralement installé pour durer, et il n’est pas aisé de le remplacer lorsque l’usage du lieu évolue (changement d’occupant, réaménagement des locaux) : encore une raison pour installer un éclairage « standard » qui convient au plus grand nombre.

En conséquence, « les usagers dans leur espace de travail ne portent pas une attention particulière au niveau de lumière caractérisant leur espace de travail » (1). Ce n’est ni lui qui l’a choisi, ni lui qui l’entretient, ni lui qui en paie la facture d’énergie. Il se soucie simplement d’avoir de la lumière lorsqu’il actionne un interrupteur, et encore, si ce n’est pas une commande généralisée actionnée par un automatisme ou une autre personne.

L’éclairage des bureaux fait donc partie de notre inconscient : on trouve normal d’avoir de la bonne lumière dans un bureau, comme une bonne température ou un ordinateur qui fonctionne. D’ailleurs, posez la question autour de vous : qui est capable de décrire précisément l’éclairage de son bureau ?

Pour évoluer, il est nécessaire de prendre conscience de cet éclairage !

Durant le confinement (du 17 mars au 11 mai 2020 en France) on aura pu – pour ceux qui ont fait du télétravail – prendre conscience de cet éclairage, en ressentant son manque ! En effet, notre éclairage domestique n’est pas du tout le même, ni en quantité ni en qualité. Nombreux sont ceux qui se seront dit que leurs conditions de travail n’étaient pas confortable à la maison, et que l’éclairage avait sa part de responsabilité.

Une fois ce constat effectué, comment améliorer la situation ?

L’oeil n’est pas un bon outil de mesure

L’oeil est un organe formidable. Mais ses capacités d’adaptation hors du commun – on est capables de voir au clair de lune comme sous un soleil d’été – en font un mauvais outil de mesure. Nous percevons les différences de niveau d’éclairement sur une échelle logarithmique : l’écart entre 250 et 500 lux nous semble le même qu’entre 500 et 1000 lux, et si nous pouvons percevoir la différence entre 5 et 10 lux, nous ne percevons pas la différence entre 95 et 100 lux.

La qualité, le confort d’un éclairage ne s’apprécie donc pas au premier coup d’oeil : un mauvais éclairage pourra provoquer une fatigue visuelle, des maux de tête, sans que l’on puisse penser qu’il en est la cause.

À partir de là, il est nécessaire d’avoir des règles de conception pour les installations d’éclairage, et de les suivre pour réaliser des projets où la qualité de la lumière est mesurable (avec des instruments comme un luxmètre ou un luminancemètre).

Dans un projet d’éclairage, il faut définir les objectifs (niveaux d’éclairement, luminance maximale…) et choisir les luminaires et leur position pour les atteindre. Mais il ne faut pas oublier de déterminer le système de gestion à mettre en place : quels automatismes de détection de présence et de lumière du jour ? (d’autant plus qu’ils sont souvent obligatoires dans le cas d’une rénovation) Quelle programmation horaire ? Quelle variation de température de couleur ? (c’est le concept de l’éclairage Human Centric Lighting).

Là encore, qui ne s’est jamais dit un soir, en allumant la lumière : « Ha ! Ça va mieux, on était dans le noir en fait ! » Au fur et à mesure que la luminosité baisse, l’oeil s’adapte et on ne se rend pas compte que l’on manque de lumière. Un éclairage bien conçu permet de toujours disposer de la bonne lumière : il va remonter automatiquement le niveau d’éclairage artificiel lorsque la lumière naturelle est insuffisante.

Être acteur de son éclairage

On a donc pu faire le constat que l’éclairage domestique n’est pas conçu pour effectuer un travail de bureau. Il offre souvent trop peu de lumière, mal dirigée, et parfois même éblouissante sinon inconfortable pour une journée entière.

C’est alors le moment de devenir acteur de son éclairage : malheureusement on ne s’improvise pas technicien de bureau d’études, ou éclairagiste !

Le Syndicat de l’éclairage propose quelques pistes pour améliorer ces situations :

  • faire un diagnostic : essayer d’analyser l’éclairage que l’on a d’ordinaire au bureau, et s’il convient, essayer de retrouver les mêmes conditions à la maison
  • entamer une réflexion avec l’entreprise sur les aménagements à prévoir dans le cadre du télétravail : en respectant l’intimité de chacun, l’employeur peut communiquer un ensemble de bonnes pratiques à mettre en oeuvre, dont la manière d’être bien éclairé pour travailler chez soi
  • choisir les bons luminaires : on n’utilise pas du tout les mêmes luminaires chez soi ou au travail ; néanmoins, il est possible de trouver des solutions pour bien éclairer sa zone de travail qui restent en harmonie avec un intérieur domestique. Les luminaires sur pied sont une bonne piste de réflexion
  • rester dans la plage de température de 3000 – 4000 K : « l’environnement lumineux préféré est décrit par une température de couleur à 4000 K et celui à 5000 K est jugé le plus adapté à une situation de travail » (2)
  • ne pas hésiter à utiliser beaucoup de lumière : les niveaux de lumière préférés des usagers sont généralement supérieurs aux normes, et ce, quelle que soit la culture (Veitch & Newsham, 1996b). À titre d’exemple, aux Pays-Bas, une étude montre que les employés de bureaux apprécient un éclairage moyen de 1300 lux alors que la quantité de lumière recommandée sur les bureaux est de 500 lux (Saunders, 1969)

Une fois ces stratégies mises en place, on se rend compte de l’importance que joue la lumière dans notre confort et notre bien-être, et on devient sensible à cet élément indispensable, puisque la lumière nous est essentielle pour vivre !

(1) (2) La perception des environnements lumineux de chambres d’hôtels : Effets de l’éclairage, de l’usage et des caractéristiques individuelles sur le jugement d’appréciation en situation réelle – Pauline Fernandez – 2014 – p. 55 et 60