La normalisation, une arme pour les industriels

Frédéric Guiraud, président du Comité Technique du Syndicat de l’éclairage, a reçu aujourd’hui la médaille de l’UTE (Union Technique de l’Électricité). À cette occasion nous l’avons interrogé sur son parcours, et sa vision quant au rôle de la normalisation dans le domaine de l’éclairage.

La commission de normalisation « Lampes, luminaires et équipements associés »

Frédéric Guiraud, vous êtes aujourd’hui président de la commission AFNOR DELEC-UF34 « Lampes, luminaires et équipements associés », racontez-nous comment vous êtes arrivé jusque là:

Je suis arrivé dans l’éclairage en 1984, dans une usine Philips fabricant des tubes fluorescents. Pendant plus de 20 ans j’ai occupé successivement des fonctions projet, logistique, achats et marketing. Grâce à l’expertise acquise durant cette expérience dans l’industrie des lampes, j’ai pu mettre un pied dans le domaine de la normalisation : en 2008, suite à un départ en retraite, j’ai été élu à la présidence du sous-comité français UTE 34A et pour représenter la France au sein de l’IEC (sous comité IEC SC34A). Puis en 2009 j’ai également pris la présidence de tous les autres comités miroirs français : 34, 34B, 34C et 34D. Aujourd’hui ils sont réunis en une seule commission au sein d’AFNOR DELEC-UF34.

« Présider un comité de normalisation permet de connaître la position des industriels afin de porter leur voix dans les instances internationales de normalisation, à la recherche du consensus. »

Illustration éclairage Waldmann

Grâce à la normalisation, l’éclairage répond aux besoins humains avec des équipements sûrs et adaptés. Photo © Waldmann

La commission AFNOR DELEC-UF34 « Lampes, luminaires et équipements associés » est donc la commission de normalisation française chargée de suivre toutes les normes électrotechniques relatives à l’éclairage. En cela, elle est la commission miroir du comité technique 34  de l’IEC (International Electrotechnical Commission – Commission Electrotechnique Internationale), et ses sous-comités.

Parallèlement, j’ai repris la présidence du Comité Technique du Syndicat de l’éclairage, ce qui me permet de connaître la position des industriels afin de porter leur voix dans les instances de normalisation, à la recherche du consensus. Outre la normalisation, le Comité Technique embrasse de manière transversale les sujets liés à la technologie de l’éclairage qui intéressent les adhérents du syndicat : c’est par exemple lui qui est à l’origine de la Grille de maturité des LED et OLED, un outil largement partagé et apprécié par toute la filière de l’éclairage, des fabricants aux utilisateurs.

 Les réalisations

J’ai apprécié d’arriver dans le domaine de la normalisation avec la transition sur l’éclairage à LED. C’est une période excitante car tout à dû être remis à plat : adapter les normes de sécurité, en particulier le comportement photobiologique qui n’était pas pris en compte en 2008, créer les normes de performance avec trois préoccupations principales :

  • mesurer ce qui est comparable (un référentiel partagé était nécessaire)
  • prendre en compte la durée de vie des produits
  • définir les produits LED: « composant« , « lampe » et « luminaire« .

À ce titre j’ai piloté la création de la norme « vocabulaire LED » (IEC 62504 – General lighting – Light emitting diode (LED) products and related equipment – Terms and definitions) qui permet de partager un vocabulaire commun et de faciliter les nouveaux développements comme les échanges entre acteurs de l’éclairage : clients/fournisseurs, fabricants/sous-traitants, etc. Piloter signifie organiser les travaux des experts internationaux, et dans ce cas particulier il s’est aussi agi de piloter la traduction en français – aspect significatif pour une norme de vocabulaire!

L’ensemble de ces travaux ont été réalisés dans le cadre de ma représentation du comité français et m’ont permis de rencontrer et travailler avec les experts de tous les pays représentés à l’IEC.

Le complément à la normalisation – qui est une démarche volontaire – est la certification, qui permet de prouver par un organisme indépendant que le produit est conforme à une norme. Dans ce cadre, j’ai été amené à mettre en place le schéma de certification européen ENEC+ de performance des produits d’éclairage.

La médaille de l’UTE remise à Frédéric Guiraud

Frédéric Guiraud reçoit la médaille de l'UTE

Frédéric Guiraud (à gauche) recevant la médaille de l’UTE de la part du Président de l’UTE, Antoine de Fleurieu

Frédéric Guiraud, vous avez aujourd’hui reçu la médaille de l’UTE, que cela signifie-t-il pour vous?

L’association UTE (Union Technique de l’Electricité) a été fondée en 1907 pour représenter, en tant que Comité Electrotechnique Français, les acteurs économiques nationaux de l’électricité à la Commission Electrotechnique Internationale (IEC), et à partir de 1973 au Comité Européen de Normalisation Electrotechnique (CENELEC), pour élaborer, par la concertation entre les acteurs concernés, les normes du secteur et les diffuser.L’UTE etc 1907

« La normalisation est essentielle pour définir l’interopérabilité, la sécurité, la performance et l’impact sur l’environnement des produits mis sur le marché. »

Lorsque l’on change la lampe d’un luminaire on ne doit pas risquer de choc électrique et on s’attend avoir à la quantité et qualité de lumière donnée sur l’emballage. Les règlements quant à eux ne peuvent exister sans des normes permettant de mesurer la sécurité et la performance. Ceci est particulièrement vrai en Europe, où les normes harmonisées existent!

Pour le futur: l’évolution est en route avec le pilotage de l’éclairage (on parle parfois de Smart Lighting) tant dans les locaux privés ou publics que dans l’éclairage urbain. La normalisation n’est pas en retard puisqu’une restructuration du comité IEC TC 34 est en cours.

Pour ma part, les expériences ci-dessus m’amènent aujourd’hui à une mission spécifique de suivi de la mise en place de réglementations d’éclairage au Moyen-Orient et en Afrique. Une belle illustration de l’utilité des normes pour participer à la structuration d’un marché!