Tribune de B. Azoulay : la défense de l’industrie de l’éclairage

Benjamin Azoulay répond à la tribune de Dominique Jamet

« Monsieur Jamet, les industriels de l’éclairage en France ne sont ni des lobbies bruxellois, ni à leurs mains ! »

Par Benjamin Azoulay, Président du Syndicat de l’éclairage

Benjamin Azoulay

Benjamin Azoulay est directeur général de Philips Lighting France et président du Syndicat de l’éclairage. Photo © DR

Réponse. Benjamin Azoulay, Directeur général de Philips Lighting France et président du Syndicat de l’éclairage répond à Dominique Jamet après la publication de sa tribune « Un peu plus de lumière SVP » (n° du 3 juillet 2014).

En tant que Président du Syndicat de l’éclairage, dont la légitimité et le professionnalisme paraissent remis en cause par M. Jamet, je souhaiterais librement revenir sur les quelques contre-vérités qui ternissent la réalité de notre secteur.

Mais d’abord, merci ! Merci Monsieur Jamet de mettre en lumière notre secteur et les produits que nous fabriquons. Ils sont, à notre goût, trop souvent invisibles même s’ils participent chaque jour à rendre visible notre environnement.

Le Syndicat de l’éclairage est une des plus anciennes organisations professionnelles française. Né en 1925 lorsque l’éclairage était encore le premier usage de l’électricité, il rassemble les industriels d’appareils d’éclairage utilisés à l’intérieur des bâtiments comme à l’extérieur. 50 sociétés adhérentes, 50 usines, 7 000 salariés, une large majorité de PME sur tout le territoire : bien loin, me direz-vous, des 20 000 lobbyistes européens qui, selon l’auteur, rédigeraient lois et règlements européens.

Nous tenons donc notre légitimité syndicale de la loi de 1884, reprise par le Code du travail, qui encadre les organisations professionnelles. Notre travail au syndicat est de valoriser nos métiers, nos produits, pour faire perdurer cette industrie en France à l’heure où bien d’autres la désertent.

Mais vous avez raison, Monsieur Jamet, nous n’avons pas la prétention de « vendre » de l’intérêt général ni d’en être les porte-drapeaux. L’intérêt général et sa défense incombent à l’Etat et ni vous, ni nous, ne pouvons nous en réclamer.

Les collectivités font aujourd’hui face à des restrictions budgétaires importantes ; leurs élus sont nos clients, nous connaissons bien les contraintes économiques qui s’imposent à eux. L’éclairage public, par exemple, représente 40 % de leur facture d’électricité. Les raisons sont évidentes : le parc d’éclairage public en France est un des plus vieux d’Europe (plus de 30 ans) et son taux de renouvellement un des plus bas (3 %). Doit-on, pour autant, tout éteindre par économie ? Certains le pensent, notamment pour l’éclairage public. L’éclairage, c’est aussi allumer tous les jours les salles de classe, l’hôpital de votre ville, sa maison de retraite et les lampadaires dans les rues la nuit. Ce n’est pas qu’une question de confort, c’est un service public essentiel pour nos concitoyens, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Notre métier est de fabriquer des produits de plus en plus performants, en phase avec ce que souhaitent les Français et leurs représentants. Depuis quelques années, nous avons mis au point des produits pouvant faire baisser jusqu’à 80 % la facture d’électricité avec une qualité de lumière améliorée. C’est ce qu’on appelle la « révolution LED ». Ces composants électroniques ont bouleversé nos métiers et nous nous sommes adaptés. Nous proposons donc, entre autres, ces produits aux collectivités qui veulent maîtriser leur consommation électrique et leurs frais de maintenance. Couplés à de la gestion, ils permettent, dans notre « jargon », une fidélité des couleurs, une plus grande durée de vie, davantage d’efficacité énergétique tout en réduisant les nuisances lumineuses. Mais, contrairement à ce qu’on a pu vous faire croire, il n’y a pas toujours là d’obligation. Les normes, vous en citez plusieurs, ne sont juridiquement pas obligatoires.

Vous vous dites nostalgiques des ampoules à incandescence et des halogènes ? Si les premières ne sont plus commercialisées sur le marché européen, les secondes représentent 70 % des sources lumineuses achetées en France. Elles n’appartiennent donc pas au passé !

Notre organisation a toujours défendu le libre choix des consommateurs que nous sommes tous. Cet état d’esprit nous a d’ailleurs conduit à demander explicitement cette année à la Commission européenne le report du bannissement des halogènes au nom justement de la liberté de choix des consommateurs et pour préserver les emplois et notre industrie en France, comme en Europe.

Notre rapport à la lumière est avant tout personnel et je me réjouis que vous y soyez si sensible. Dans notre métier, la technique s’allie chaque jour aux émotions éprouvées. Les industriels de l’éclairage, dont je porte la voix, sont fiers de leur métier. Monsieur Jamet, venez découvrir nos usines !

Benjamin Azoulay

Président du Syndicat de l’éclairage

Directeur général de Philips Lighting France