doSSiEr | Le bel avenir de l’écoconstruction
DÉCEMBRE 2013 - JANVIER 2014 |LE COURRIER DU PARLEMENT | 41
“Le développement durable,
toile de fond des politiques publiques”
toile de fond des politiques publiques”
ENTRETIEN | Guy Geoffroy, député-maire de Combs-la-ville et président de l’association des “Écomaires”, nous donne à voir comment, selon lui, l’impératif écologique est devenu un élément incontournable dans l’action publique locale tout en modifiant, assez largement, la construction des problèmes publics.
Pouvez-vous, en premier lieu, nous pré-senter l’association des “Écomaires”, son histoire, ses buts et son organisation?
L’association des “Écomaires” est un ré-seau d’environ 2000 collectivités qui s’est créé au début des années quatrevingt-dix avec la participation de personnalités politiques de premier plan comme Laurent Fabius. Notre objectif principal est de faciliter la diffusion de bonnes pratiques en matière environne-mentale à l’échelle locale en mettant en com-mun nos expériences et nos expertises. L’ab-sence d’esprit partisan et de clivages poli-tiques au sein de l’association est pour nous une richesse, et un gage de crédibilité pour nos partenaires. Nous travaillons avec de nombreux acteurs privés et publics, avec les grands organismes d’État, notamment les mi-nistères, les organismes para-publics, et des institutions porteuses d’action communes comme les grands groupes industriels.
L’écologie a pris, depuis plusieurs années, une place de plus en plus importante dans le débat public. De quelle manière con-crète, et à quelle vitesse cette thématique se développe sur les territoires ?
Dans la décennie 1990, l’environnement, n’était pas encore une priorité. Nous étions encore les promoteurs d’une idée nouvelle. C’est à partir des années 2000 qu’il y a eu une accélération de la prise de conscience de la part des collectivités de considérer le développement durable comme la toile de fond des politiques publiques. Aujourd’hui nous sommes dans une troisième phase où les collectivités prennent conscience que la
L’association des “Écomaires” est un ré-seau d’environ 2000 collectivités qui s’est créé au début des années quatrevingt-dix avec la participation de personnalités politiques de premier plan comme Laurent Fabius. Notre objectif principal est de faciliter la diffusion de bonnes pratiques en matière environne-mentale à l’échelle locale en mettant en com-mun nos expériences et nos expertises. L’ab-sence d’esprit partisan et de clivages poli-tiques au sein de l’association est pour nous une richesse, et un gage de crédibilité pour nos partenaires. Nous travaillons avec de nombreux acteurs privés et publics, avec les grands organismes d’État, notamment les mi-nistères, les organismes para-publics, et des institutions porteuses d’action communes comme les grands groupes industriels.
L’écologie a pris, depuis plusieurs années, une place de plus en plus importante dans le débat public. De quelle manière con-crète, et à quelle vitesse cette thématique se développe sur les territoires ?
Dans la décennie 1990, l’environnement, n’était pas encore une priorité. Nous étions encore les promoteurs d’une idée nouvelle. C’est à partir des années 2000 qu’il y a eu une accélération de la prise de conscience de la part des collectivités de considérer le développement durable comme la toile de fond des politiques publiques. Aujourd’hui nous sommes dans une troisième phase où les collectivités prennent conscience que la
crise est un facteur de mutation leur impo-sant de prendre le train de la transition éco-logique en marche.
Dans quelle mesure, l’écologie accorde une place nouvelle aux décisions locales?
L’impératif écologique doit se concréti-ser au niveau local de manière la plus large possible. L’ensemble des règlements, des schémas directeurs comme les PLU et PADD, incluent pleinement cet objectif. La réponse aux problèmes publics ne peut être efficiente sans la prise en compte de toutes les dimen-sions du développement durable, à savoir les dimensions économiques, sociales et envi-ronnementales.
L’ambition écologique fait appel à de nou-velles compétences pointues accordant une place de plus en plus grande aux spé-
Dans quelle mesure, l’écologie accorde une place nouvelle aux décisions locales?
L’impératif écologique doit se concréti-ser au niveau local de manière la plus large possible. L’ensemble des règlements, des schémas directeurs comme les PLU et PADD, incluent pleinement cet objectif. La réponse aux problèmes publics ne peut être efficiente sans la prise en compte de toutes les dimen-sions du développement durable, à savoir les dimensions économiques, sociales et envi-ronnementales.
L’ambition écologique fait appel à de nou-velles compétences pointues accordant une place de plus en plus grande aux spé-
cialistes dans les débats publics. Cette évo-lution relègue t-elle l’élu local à un rôle de partenaire parmi d’autres ?
Les élus locaux ont toujours eu besoin de spécialistes mais, il est vrai, que l’émer-gence des questions relatives au dévelop-pement durable accorde une place de plus en plus importante aux experts. Néanmoins, cette évolution n’a pas transformé les élus en acteurs indifférenciés participant à l’éla-boration de politiques publiques. Bien au con-traire. La volonté et l’ambition des élus restent plus que jamais un élément indispensable. Nous sommes devenu des managers pilotant des politiques publiques. Notre implication est ma-jeure.
Néanmoins, l’intégration de la dimension écologique dans la construction des poli-tiques publiques, ne rallonge t-elle pas la prise de décision ?
La prise en compte des considérations environnementales complexifie le montage de dossiers pouvant donner l’impression d’un ralentissement de la prise de décision. Néan-moins, le rallongement du temps dans l’éla-boration des politiques peut être également une chance pour les collectivités en forçant l’ensemble des acteurs à considérer les pro-blèmes publics dans leur globalité, sans faire abstractions des enjeux environnementaux et sociaux n
Propos recueillis par Jean-Côme Tihy
Les élus locaux ont toujours eu besoin de spécialistes mais, il est vrai, que l’émer-gence des questions relatives au dévelop-pement durable accorde une place de plus en plus importante aux experts. Néanmoins, cette évolution n’a pas transformé les élus en acteurs indifférenciés participant à l’éla-boration de politiques publiques. Bien au con-traire. La volonté et l’ambition des élus restent plus que jamais un élément indispensable. Nous sommes devenu des managers pilotant des politiques publiques. Notre implication est ma-jeure.
Néanmoins, l’intégration de la dimension écologique dans la construction des poli-tiques publiques, ne rallonge t-elle pas la prise de décision ?
La prise en compte des considérations environnementales complexifie le montage de dossiers pouvant donner l’impression d’un ralentissement de la prise de décision. Néan-moins, le rallongement du temps dans l’éla-boration des politiques peut être également une chance pour les collectivités en forçant l’ensemble des acteurs à considérer les pro-blèmes publics dans leur globalité, sans faire abstractions des enjeux environnementaux et sociaux n
Propos recueillis par Jean-Côme Tihy
Guy Geoffroy
Député-maire de Combs-la-Ville et président de l’association des “Écomaires”
Député-maire de Combs-la-Ville et président de l’association des “Écomaires”
“L’éclairage public, 50% de la facture énergétique d’une ville”
ENTRETIEN | Priorité à la performance. Face aux enjeux environnementaux, le Syndicat de l’éclairage souhaite construire un cadre favorable pour engager une transition énergé-tique “entrainante”.
Vous souhaitez accompagner les proprié-taires de bâtiments du tertiaire dans l’effi-cacité énergétique. Par quels moyens ?
L’éclairage intérieur représente 15 à 20% des consommations des bâtiments – l’éclai-rage public, c’est 50% de la facture d’élec-tricité d’une ville. Il s’agit donc une part im-portante du coût global, on l’oublie trop sou-vent! Les industriels de l’éclairage proposent aujourd’hui des solutions aux maîtres d’ou-vrage pour maîtriser ces coûts dans le neuf comme dans la rénovation. Elles permettent de réduire les consommations et d’amélio-rer le bien-être et l’ergonomie et ainsi de faire nettement baisser la facture d’électricité. Les élus des collectivités locales ont des budgets de plus en plus minces, ils n’ont pas les moyens d’investir dans des rénovations de grande ampleur ; l’éclairage peut être en ce sens une priorité dans la transition énergétique des territoires. Nous estimons, avec le Ministère de l’écologie et l’ADEME, qu’1m2 d’éclairage rénové c’est 7 à 8 euros d’économie par an : l’investissement initial d’un éclairage ne repré-sente pas plus de 20% de la facture totale.
L’arrêté du 29 janvier 2013 va dans le sens de la sobriété énergétique, en contraignant à éteindre la nuit la lumière des bâtiments publics. Qu’en pensez-vous ?
L’interdiction d’un éclairage intérieur vi-sible de l’extérieur la nuit est en soi une bonne idée. Néanmoins, si on songe que 90% de la consommation totale a lieu le jour, on ne peut constater que des économies d’éner-gie marginales la nuit. L’enjeu énergétique est ailleurs ! Nous souhaitons aller au-delà de la solution binaire ; éteindre l’éclairage la nuit ne règle pas le problème de fond c’est-à-dire des produits souvent vétustes qui con-
L’éclairage intérieur représente 15 à 20% des consommations des bâtiments – l’éclai-rage public, c’est 50% de la facture d’élec-tricité d’une ville. Il s’agit donc une part im-portante du coût global, on l’oublie trop sou-vent! Les industriels de l’éclairage proposent aujourd’hui des solutions aux maîtres d’ou-vrage pour maîtriser ces coûts dans le neuf comme dans la rénovation. Elles permettent de réduire les consommations et d’amélio-rer le bien-être et l’ergonomie et ainsi de faire nettement baisser la facture d’électricité. Les élus des collectivités locales ont des budgets de plus en plus minces, ils n’ont pas les moyens d’investir dans des rénovations de grande ampleur ; l’éclairage peut être en ce sens une priorité dans la transition énergétique des territoires. Nous estimons, avec le Ministère de l’écologie et l’ADEME, qu’1m2 d’éclairage rénové c’est 7 à 8 euros d’économie par an : l’investissement initial d’un éclairage ne repré-sente pas plus de 20% de la facture totale.
L’arrêté du 29 janvier 2013 va dans le sens de la sobriété énergétique, en contraignant à éteindre la nuit la lumière des bâtiments publics. Qu’en pensez-vous ?
L’interdiction d’un éclairage intérieur vi-sible de l’extérieur la nuit est en soi une bonne idée. Néanmoins, si on songe que 90% de la consommation totale a lieu le jour, on ne peut constater que des économies d’éner-gie marginales la nuit. L’enjeu énergétique est ailleurs ! Nous souhaitons aller au-delà de la solution binaire ; éteindre l’éclairage la nuit ne règle pas le problème de fond c’est-à-dire des produits souvent vétustes qui con-
tinueront à consommer beaucoup d’énergie en journée. La performance viendra d’abord des lampes et des luminaires choisis puis des automatismes qui y seront associés.
Le rapport Gauchot fixe une réduction d’au moins 25% des consommations d’énergie d’ici 2020. Cet objectif est-il viable dans votre secteur ?
Le rapport indique de bonnes pistes et le Syndicat de l’éclairage s’est associé à la Charte du Plan Bâtiment Durable pour les bâ-timents tertiaires. Nous démontrons que des solutions performantes et éprouvées peuvent réduire de 50 à 75% la consommation d’éner-gie des bureaux, des écoles et des hôpitaux par exemple. Les “fiches d’opérations exem-plaires”, accessibles sur notre site*, illustrent ces réelles économies ! Car pour rénover l’éclai-rage, il ne suffit pas d’installer des automa-tismes… il faut construire rationnellement un vrai projet, pensé dans sa globalité : ins-taller d’abord de bons outils, par exemple,
Le rapport Gauchot fixe une réduction d’au moins 25% des consommations d’énergie d’ici 2020. Cet objectif est-il viable dans votre secteur ?
Le rapport indique de bonnes pistes et le Syndicat de l’éclairage s’est associé à la Charte du Plan Bâtiment Durable pour les bâ-timents tertiaires. Nous démontrons que des solutions performantes et éprouvées peuvent réduire de 50 à 75% la consommation d’éner-gie des bureaux, des écoles et des hôpitaux par exemple. Les “fiches d’opérations exem-plaires”, accessibles sur notre site*, illustrent ces réelles économies ! Car pour rénover l’éclai-rage, il ne suffit pas d’installer des automa-tismes… il faut construire rationnellement un vrai projet, pensé dans sa globalité : ins-taller d’abord de bons outils, par exemple,
pour les bureaux ou les écoles, des lumi-naires LED ou tubes T5 qui apportent déjà 50% d’économies, puis prévoir les automa-tismes qui agissent en fonction de la pré-sence et de la lumière du jour pour abaisser encore de 20 à 30% les consommations.
La directive sur l’efficacité énergétique du bâtiment implique d’adopter de nou-velles règles en la matière. Avec quelles solutions pour l’éclairage en France?
Il s’agit des opérations standardisées éclai-rage et du dispositif des certificats d’écono-mie d’énergie (CEE). Longtemps négligé, l’éclai-rage est aujourd’hui reconnu comme un gise-ment d’économies. Enfin, la circulaire du Pre-mier ministre du 3 décembre 2008 est venue inscrire dans le marbre la nécessaire exem-plarité de l’Etat en matière d’éclairage. Les textes sont là, notre souhait est aujourd’hui de les voir appliqués puisqu’ils impliqueraient une rénovation des installations pour davan-tage d’efficacité énergétique. Mais de fait, le rythme des rénovations est moins rapide en France que dans d’autres pays européens. À titre d’exemple, l’Etat allemand a accom-pagné la rénovation de son parc d’éclairage public, à 45% équipé de LED aujourd’hui con-tre 15% seulement en France. Il faut lever les freins à l’investissement grâce à des méca-nismes de tiers financement ou de prêt à taux bonifiés par exemple. Construisons un cadre favorable pour une transition énergétique entrainante! n
Propos recueillis par Colombe Dabas
Jean-Michel Trouïs
Président du syndicat de l’éclairage
La directive sur l’efficacité énergétique du bâtiment implique d’adopter de nou-velles règles en la matière. Avec quelles solutions pour l’éclairage en France?
Il s’agit des opérations standardisées éclai-rage et du dispositif des certificats d’écono-mie d’énergie (CEE). Longtemps négligé, l’éclai-rage est aujourd’hui reconnu comme un gise-ment d’économies. Enfin, la circulaire du Pre-mier ministre du 3 décembre 2008 est venue inscrire dans le marbre la nécessaire exem-plarité de l’Etat en matière d’éclairage. Les textes sont là, notre souhait est aujourd’hui de les voir appliqués puisqu’ils impliqueraient une rénovation des installations pour davan-tage d’efficacité énergétique. Mais de fait, le rythme des rénovations est moins rapide en France que dans d’autres pays européens. À titre d’exemple, l’Etat allemand a accom-pagné la rénovation de son parc d’éclairage public, à 45% équipé de LED aujourd’hui con-tre 15% seulement en France. Il faut lever les freins à l’investissement grâce à des méca-nismes de tiers financement ou de prêt à taux bonifiés par exemple. Construisons un cadre favorable pour une transition énergétique entrainante! n
Propos recueillis par Colombe Dabas
Jean-Michel Trouïs
Président du syndicat de l’éclairage
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