Nuisances lumineuses : quelles solutions ?

Nuisances lumineuses : éléments pragmatiques sur un sujet qui fait régulièrement l’actualité.

SyndEclairage - Eclairage public et nuisances lumineuses

Des travaux de recherche sur les nuisances lumineuses aux solutions sur le terrain

Si la définition précise des nuisances lumineuses fait encore débat, c’est qu’il s’agit d’un concept récent. En effet, il y a une vingtaine d’années à peine, personne ne s’intéressait au sujet : on n’imaginait pas que la lumière (en particulier des villes et de l’éclairage public) puisse avoir un impact sur la biodiversité. Les matériels n’étaient pas conçus pour en tenir compte, et les enjeux de maîtrise des consommations d’énergie n’étaient pas aussi forts. Ce n’est en revanche plus le cas aujourd’hui, où le site du ministère de l’écologie a même une page dédiée au sujet. Le Syndicat de l’éclairage propose également une synthèse du dossier, avec les références réglementaires en France.

Pour réduire les nuisances lumineuses et mieux éclairer, il faut rénover

Que l’on adopte l’approche des scientifiques (en particulier ceux du Muséum d’Histoire Naturelle) ou bien celle de ceux qui utilisent l’éclairage (principalement les villes et les syndicats d’électricité – voir un exemple ici), les conclusions sont du même ordre : plus on émet de lumière vers le ciel et plus les nuisances lumineuses sont importantes. Cela provoque naturellement le raisonnement suivant : pour réduire les nuisances lumineuses et mieux éclairer, il faut rénover les installations d’éclairage public. C’est un des passages obligés pour aider à protéger la biodiversité de nos territoires.

un luminaire de type boule gaspille plus de la moitié de la lumière produite et crée des nuisances lumineuses

En effet, avec 75 % des luminaires qui ont plus de 25 ans, le parc d’éclairage public français est très vétuste ! Ce sont ces produits, à la lumière orientée vers le sol mais aussi souvent vers le ciel, qui s’allument à la tombée de la nuit pour s’éteindre ait lever du jour, qui génèrent la majeure partie de ces nuisances lumineuses. On aura beau en éteindre certains, à certaines heures de la nuit, voire abaisser un peu leur flux durant les heures creuses (max. 30 %), l’impact sur la réduction des nuisances lumineuses ne sera qu’anecdotique.

Modifier les installations existantes (en installant des dispositifs de variation  à l’armoire notamment) n’est pas le plus efficace. Pour un résultat significatif – y compris pendant la plage horaire du soir, où les activités humaines et de la biodiversité sont en concurrence manifeste sur l’usage de l’éclairage – il faut passer à l’éclairage LED intelligent.

Aujourd’hui les solutions sont connues : il faut utiliser des luminaires qui éclairent vers le sol, et moduler l’éclairage pour s’adapter au besoin. Ces deux objectifs ne seront atteint qu’à la condition de la rénovation des installations d’éclairage.

Premier objectif : maîtriser la direction de la lumière émise

Exiger des produits avec un ULR = 0, c’est utiliser des luminaires qui n’envoient la lumière que vers le sol. Il faut également veiller à la bonne orientation des luminaires lors de l’installation : un réglage défaillant et la performance de l’installation est immédiatement dégradée. Un simple schéma résume parfaitement cette exigence:

Illustration bon-mauvais luminaire nuisances lumineuses(source)

Pour illustrer la manière dont ce concept est pris en compte dans le design des produits d’éclairage, regardez les deux photos ci-dessous : à gauche un luminaire ancien (type boule), avec une optique qui ne permet pas du tout de diriger le flux lumineux, et à droite un luminaire LED récent avec une optique précise pour éclairer la rue sans gêner les alentours.

candélabre avec luminaire boule©S. Flet Reitz
Luminaire LED Eclatec©Eclatec
Les luminaires peuvent être conçus pour éviter les nuisances lumineuses
avec nuisances sans nuisances

Second objectif : maîtriser la temporalité

La temporalité est ce qui correspond au profil nocturne de l’installation d’éclairage public, c’est-à-dire les niveaux d’éclairement au cours de la nuit.

La technologie la plus employée à l’heure actuelle est celle de l’horloge astronomique : il s’agit d’un organe de commande implanté dans une armoire électrique et qui commande à la fois tout un secteur. Au crépuscule, les luminaires s’allument, et ils s’éteignent à l’aube. Le système, tenant compte des dates, ajuste les durées d’éclairage en fonction de la durée de la journée. L’inconvénient de cette solution est qu’elle ne présente aucune flexibilité.

On peut aussi, grâce à un équipement un peu plus sophistiqué , choisir d’éteindre et/ou abaisser l’éclairage aux heures creuses de la nuit. Les avantages sont minimes : l’extinction n’est pas conditionnelle, c’est-à-dire qu’elle ne tient pas compte des besoins en temps réel. Si des piétons, cyclistes, voire automobilistes circulent ils seront dans le noir.

Il faut ici souligner que la plupart des personnes interrogées ne sont pas à l’aise dans le noir, et même 91 % des Français considèrent que l’éclairage public est un enjeu central de sécurité. Ces chiffres avaient été mis en avant par le Syndicat de l’éclairage lors de la campagne spécifique intitulée Eclairer pour Avancer.

Essayer d’améliorer l’éclairage public en place ne permet pas de réduire les nuisances lumineuses. Seule la rénovation permet d’atteindre cet objectif, grâce à un remplacement des luminaires et aux systèmes de gestion associés.

Quant à la réduction d’éclairage, elle nécessite des investissements et interventions dans les armoires électriques, et n’offrent qu’un abaissement de 30 % de lumière aux heures choisies, autant dire une économie jamais supérieure à 20 % de la consommation d’énergie, sans réelle réduction des nuisances lumineuses puisque les luminaires peuvent continuer à éclairer vers le haut. Rappelons que la consommation d’énergie représente environ 1/3 de la facture, avec 1/3 pour l’abonnement et 1/3 pour les taxes : la facture ne diminue donc pas aussi vite que la consommation…

Un réel progrès est en revanche offert par la technologie LED qui permet de faire varier le flux lumineux de 0 à 100 % : on peut ainsi programmer les niveaux de lumière (niveaux d’éclairement) en les adaptant aux besoins selon les heures, sans éteindre ni trop éclairer, et tout en réalisant des économies d’énergie importantes ! Un tel système peut également réagir en fonction de la présence. Un détecteur de présence permet d’augmenter les niveaux si nécessaire tout en abaissant lorsqu’il n’y a personne : une solution optimale pour concilier réduction des nuisances lumineuses, économies d’énergie et performance. Voir un exemple de réalisation dans cet article.

Sur sa page consacrée à l’éclairage public, l’Ademe soutient le point de vue de l’urgence de la rénovation du parc d’éclairage public en France.

Moins de nuisances lumineuses pour préserver la biodiversité

Dans les grandes villes, les nuisances lumineuses sont une gêne pour l’observation du ciel étoilé. C’est notamment grâce à des associations comme l’ANPCEN (et leurs initiatives Le jour de la nuit ou les Villes et villages étoilés) que nous avons pu prendre conscience de ce phénomène : ainsi les produits d’éclairage développés aujourd’hui tiennent compte de ce paramètre.

Plus grave encore sont les impacts sur la biodiversité : les travaux de l’association Noé, qui a rédigé la Charte de l’éclairage durable, aident à les identifier.

Tous ces éléments convergent vers la même conclusion : qu’il s’agisse de la préservation de la biodiversité, du ciel étoilé, de la maîtrise des consommations d’énergie et des finances publiques, la France a tout intérêt à engager d’urgence les grands chantiers de la rénovation de son éclairage public.

Cela correspond également à une forte attente des Français qui se sont prononcés favorable à une réglementation pour limiter les nuisances lumineuses :

Infographies25

(source : sondage IPSOS réalisé du 22 au 29 septembre 2015 auprès d’un échantillon représentatif de la population française constitué de 1001 personnes interrogées on-line – méthode des quotas)